Lettre ouverte au Pape François:l’assassinat de KIZITO MIHIGO

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De l’assassinat de KIZITO MIHIGO un prophète, artisan et martyr de la paix et de la réconciliation au Rwanda, sous un silence accablant de son Eglise Catholique

Votre Sainteté,

C’est avec consternation et émoi que Lundi le dix-septième jour du mois de Février de l’année 2020, le monde entier et le peuple du Rwanda en particulier s’est réveillé avec une nouvelle

profondément douloureuse de la disparition brutale de KIZITO MIHIGO, rescapé du génocide, chanteur, pianiste, compositeur, activiste, artisan de la paix et de la réconciliation au Rwanda.

Mort jeune, à seulement 38 ans, KIZITO MIHIGO est né sur la très célèbre colline de Kibeho le 27 Juillet 1981 d’une famille catholique. Il va grandir dans cette même foi jusqu’à ce qu’il s’inscrit au Petit Séminaire de Karubanda dans le Diocèse de Butare au sud du pays. C’est ainsi que, jeune séminariste, KIZITO va se faire découvrir par ses premières chansons liturgiques qui touchaient spirituellement tant de cœurs.

Au séminaire, KIZITO enchaîna de succès en succès jusqu’à devenir une icône dans tout le pays. Il va même participer à la mise en musique de l’actuel hymne national du Rwanda. C’est ainsi qu’il va décrocher une bourse d’études au prestigieux conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris en France. C’est en 2010, qu’il fonde sa fondation KIZITO MIHIGO pour la Paix – KMP avec laquelle il va prôner avec courage un message de paix et de réconciliation pour le peuple rwandais dont l’unité a été sévèrement affectée par son tragique histoire politique.

C’est au cours de cette période que sous l’égide de Mr. NIYOMUGABO Gérald, Mr. NTAMUHANGA Cassien, nous avions entamé en tant que jeunes, les démarches de désamorcer une série de dialogues entre les rwandais dans un mouvement que nous avions appelé ABATANGANA. On parlait sans ambages de la réconciliation dont les rwandais avait réellement besoin. Ce dénominateur commun va créer une relation automatique entre notre

mouvement et l’action de KIZITO MIHIGO. D’où la célèbre chanson IGISOBANURO CY’URUPFU. N’étant pas sur un même diapason de la politique du Gouvernement actuel qui impose un autre discours visant à incriminer toute une partie de la population (hutu) et à victimiser toute une autre partie (tutsi), nos actions se sont heurtés au régime dictatorial de Paul Kagame qui va s’acharner sur nous très brutalement.

Nous serons arrêtés par les services de renseignement rwandais en Avril 2014, et conduits dans des prisons secrètes pour être assassinés.

Mr. NIYOMUGABO Gerald, après cette arrestation sera torturé et assassiné par les services de renseignements rwandais. Jusqu’aujourd’hui, même son corps n’a jamais était remis à sa famille pour être enterré dignement.

Mr. KIZITO Mihigo, sera quant à lui sous tortures et menaces de mort amené à avouer un crime de lèse-majesté, celui d’atteinte à la vie du Président du Rwanda Paul Kagame. C’est au cours de cette torture que la police secrète de Paul Kagame le menaça de mort. Son heure n’ayant pas encore sonné, il accepta les conditions de ses tortionnaires et sera incarcéré après une parodie de procès, pour 10 ans d’emprisonnement gratuits. Il sera libéré sous condition en 2018.

Mr. Cassien NTAMUHANGA, premier pionnier aussi de notre mouvement, quant à lui va être condamné à 25 ans d’emprisonnement gratuits sous fausses accusations aussi. Il réussira miraculeusement à s’échapper de ses geôliers. Vivant en exil il assure aujourd’hui la

coordination de notre mouvement qui fut rebaptisé RANP ABARYANKUNA. (Rassemblement Rwandais pour le Pacte National-ABARARYANKUNA).

La libération de KIZITO MIHIGO était strictement conditionnée et était surtout à calculs politiques. Toujours fidèle à sa mission d’artisan de paix et de réconciliation, le régime sanguinaire de Kigali se sentit vaincu par le courage du jeune KIZITO MIHIGO avec chapelet et piano comme armes. C’est ainsi que la lugubre promesse de l’assassiner fut mise en œuvre sous une mascarade criminelle planifiée, annoncée et défendue par la Bureau chargé des Investigations, la Police et les autorités politiques rwandaises.

Très Saint Père,

Le 20 Mars 2018, pendant que KIZITO MIHIGO croupissait dans la geôle du régime de Kigali, vous avez reçu en grande pompe le Président Paul Kagame au Vatican. Vous avez aussi demandé pardon au nom de l’Eglise Catholique des actes ignobles commis par des hommes et des femmes de profession catholique dans la tragédie rwandaise.

Vous avez posé un acte courageux. Vous l’avez posé après certainement avoir été informé auparavant, que sous l’ordre de l’homme que vous alliez recevoir, Mgr. Vincent NSENGIYUMVA ancien Archevêque de Kigali, Mgr Thaddée NTIHINYURWA et Mgr Joseph RUZINDANA respectivement anciens évêques des Diocèses de Kabgayi et de Byumba, accompagnés d’une dizaine de religieux et de Richard ISHEJA, un enfant, qui avait retrouvé

espoir et protection dans les mains de l’un des trois évêques, tous avaient été affreusement assassinés à Gakurazo, près de Kabgayi, le 5 Juin 1994. Vos services vous ont informé également que deux ans plus tard, le même Paul Kagame ordonna le meurtre sous supplices indescriptibles de Mgr Phocas NIKWIGIZE évêque de Ruhengeri, qui rentrait au bercail. Le temps et l’espace ne nous permet pas d’entrer en détails des atrocités commises dans ce contexte contre la population non seulement catholique au Rwanda et en République Démocratique du Congo, atrocités qui ne se résument aux assassinats ciblés et planifiés mais aussi au viol collectif des religieuses.

Se croyant permis de tout, l’homme que vous avez reçu au Vatican a décidé de dépouiller du Rwanda d’un messager, d’un martyr, d’un véritable artisan de la paix et de la réconciliation. KIZITO MIHIGO fut assassiné atrocement par les assassins du même homme qui a reçu votre bénédiction, croyant ainsi éteindre sa voix. Lui-même n’a pas honte d’avouer des meurtres qu’il commandite, comme celui de feu Seth SENDASHONGA ancien Ministre de l’Intérieur, qui, pour faute de dénoncer ses crimes fut assassiné au Kenya en 1998, sort que vient de subir KIZITO MIHIGO. Paul Kagame l’avoua lui-même vingt ans plus tard à cause du silence de la communauté internationale et du Saint Siege qui le reçoit, et de la Conférence des Evêques au Rwanda qui le bénit.

Très Saint Père,

Dans sa chanson, écrite en votre honneur, intitulée « Pape François, Hymne au Saint Père » (https://www.youtube.com/watch?v=IPWZU0yk8O8) KIZITO MIHIGO vous a interpellé avec un message prémonitoire : Le Pape François, notre modèle d’humanité; Il est présent quand l’être humain est malmené. Dans les questions des droits de l’homme, Le Pape François il est là. Dans le besoin de la justice, Le Pape François il est là. Ignorerez-vous cette voix sainte pour plaire à son assassin dictateur?

Il nous appartient, en tant que mouvement politique, rassemblant les jeunes de toutes confessions, de nous interroger sur le silence de l’Eglise quand non seulement ses enfants sont persécutés. La source du doute actuel provient de ce regard complice de l’Eglise envers les « grands hommes » comme Paul Kagame qui oppriment les pauvres, piétinent les faibles et tuent les prophètes de la paix comme KIZITO MIHIGO.

KIZITO est mort en martyr. Nous unissons notre voix à celle silencieuse de beaucoup de chrétiens au Rwanda pour proclamer SANTO SUBITO! Par sa souffrance nous appelons Votre Sainteté à agir pour : Que l’Eglise monte au créneau et qu’elle joue son rôle dans l’histoire du Rwanda, et non rester silencieuse et bénir l’opprimant quand l’opprimé souffre dans l’indifférence. Tel était le message de KIZITO MIHIGO. Paix à son âme.

RANP-ABARYANKUNDA Coordination

3 Replies to “Lettre ouverte au Pape François:l’assassinat de KIZITO MIHIGO

  1. Ariko Hari Igihe Mujya MUKABYA. Kiliziya ni institution si umuntu nka mwe. Ifite mission yihariye ntikina politique. Yaherekeje kizito uko bikwiye ibindi ni iby inkiko na mwe.
    Hari igihe mujya muzaba ibintu kandi kenshi kubera ko mutazi uko kiliziya iteye n uko ikora na mission yayo.

    1. Ndabona ko nawe uvuga ivyo utazi kiliziya iharanira ukuri n’iteka rya kiremwa muntu. Kiliziya irafa ijambo ryo kwiyamiriza ubwicanyi bubi nk’ubu bwatumye umusavyi w’Imana Kizito atotezwa akagandagurwa bunyamaswa ataco azira bakabesha ngo yiyahuye ntibavyerekane, umuvyeyi wiwe akicwa n’agahinda. Ijambo rya Kiliziya rishika kure. Abamwishe baze bapfe nabi, isi imenye ko ikibi gisubira kuwagikoze.

  2. Iyo Kiliziya uvuga iri mu mutwe wawe. Kiliziya nshigikiye ntihengeshanya gusemerera mu gihe agateka ka muntu katubahirijwe. Ubwicanyi, iterabwoba kagame ashigikiye Kiliziya ntishobora kuvyihanganira. Kagame n’abakorana nawe ni inyamaswa. Ese ayo mabi ahaye akora yomugarukako n’uruvyaro rwiwe.

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